Après quelques jours de gesticulation politique et de grandes déclarations, on va rentrer à partir d’aujourd’hui dans le dur des accords et des synthèses qui doivent aboutir à deux textes : le premier sur le bilan global ou GST et le 2ème sur l’objectif mondial d’adaptation appelé GGA.
L’accord sur le bilan global est l’accord politique qui doit fixer l’engagement de chacun des états en matière de réduction des gaz à effet de serre. L’accord de Paris qui est le cœur de la promesse et la référence (stabiliser le réchauffement dans une fourchette de 1,5° à 2°) semble de plus en plus hors de portée, d’autant que de grands pays comme l’Inde, la Russie ou la Chine continuent massivement à utiliser des centrales à charbon.
Le nucléaire devient une solution
L’union Européenne a clairement indiqué qu’un accord qui ne comporterait pas des clauses sur les énergies fossiles n’était pas imaginable. C’est aussi la 1ère fois qu’un groupe de 40 pays dont la France, fait la promotion de l’énergie nucléaire comme une des seules politiques crédibles pour arriver à l’objectif.
Économiquement, pour la France et sa filière nucléaire, c’est un changement majeur en comparaison de notre position des années passées. Devant l’urgence de la situation et l’évolution des autres filières, il apparait comme évident que seule l’énergie nucléaire permet de répondre au double objectif d’accroissement des besoins énergétique et de décarbonation.
Crédit carbone : la seule avancée concrète de la COP ?
Les crédits carbone et fonds de compensation sont au cœur des enjeux de cette COP28
On attend aujourd’hui le texte ou les propositions sur le fonds d’indemnisation et de compensation pour les pays vulnérables. Ce dernier devrait permettre aux pays non émetteurs et non développés de bénéficier d’une compensation importante dans leur développement. Grossièrement le crédit carbone est l’idée qu’un pollueur, état ou grande entreprise, achète un droit à polluer dont peut bénéficier un pays non pollueur ou un projet qui a un bilan positif pour le climat.
De l’avis général ce mécanisme transitoire doit permettre de faire éclore des projets très innovants. Sauf que son manque de réglementation, est un problème et le grand flou qui entoure ce mécanisme qui a été prévu dans l’accord de Paris, doit être résolu.
C’est un modèle théoriquement qui est gagnant-gagnant, principalement pour les pays du sud qui peuvent ainsi bénéficier d’une manne fléchée sur des projets vertueux. Aujourd’hui toutes les grandes agences comme l’Agence Française de Développement ont mis en place des services dédiés à ce sujet qui représente déjà au moins deux milliards d’euros de financement et qui devrait être multiplié par 100 dans les 20 ans qui viennent.
Malheureusement cet énorme marché dont nos entreprises françaises peuvent souvent profiter, car elles possèdent des technologies vertueuses, n’est pas réglementé ! Comment calcule-t-on le droit à polluer ? Comment estime-t-on le bénéfice d’un projet bas carbone ? A quel prix estime-t-on le prix de la tonne carbone ? Aujourd’hui fixé aux alentours des 10 euros la tonne, il ne semble pas suffisamment dissuasif pour que les entreprises concernées réduisent leurs émissions. Il devient alors préférable de payer plutôt que de réduire son empreinte.
A court terme ce nouveau marché des crédits carbone crée un appel d’air vers des projets dans les pays du sud qui ne sont pas très aguerris à ce mode de financement. Nos entreprises vertueuses peuvent peut-être tirer avantage de cette situation en étudiant finement ces mécanismes.