La Livre turque a perdu 16% face à l’Euro le 22 mars dernier et la Bourse d’Istanbul a plongé de 10 % : cela a entrainé plusieurs places financières européennes à la baisse car les répercussions, notamment en Allemagne, sont importantes. La dégringolade de la monnaie turque a commencé suite au limogeage inattendu et brutal du gouverneur de la Banque centrale turque, Naci Ağbal, qui fait de lui le 3ème gouverneur de la Banque Centrale de la République de Turquie limogé depuis moins de 2 ans.
Le Chef de l’Etat turc, Recep Tayyip Erdoğan, était en désaccord profond avec la politique des taux d’intérêt élevés adoptée par Naci Ağbal, dont la stratégie était de juguler l’inflation grandissante en Turquie puisque elle dépasserait les 15%, ce qui l’aurait rendue incontrôlable. Il a été remplacé par le Professeur Şahap Kavcioğlu, un économiste qui a fait carrière dans la banque publique turque « Halk Bankasi ».
Le nouveau gouverneur, Şahap Kavcıoğlu, a déclaré dans un communiqué que « tous les instruments de politique monétaire seraient utilisés pour garantir le maintien d’un objectif de politique d’inflation faible ». Le tout est accentué par la position du Président Turque sur la scène international qui a été largement fragilisé ces derniers temps notamment vis à vis de l’Union Européenne. Si le Président Erdoğan a essayé de renouer des relations ces derniers temps, sa décision récente de retrait de la convention d’Istanbul et l’ouverture de procès « politique » comme celui du parti d’opposition le HDP, a rajouté à l’inquiétude générale pour la transformer en panique.
Selon de nombreux observateurs, ce n’est qu’un début et la Livre turque devrait encore fortement plonger, car la dette de la Turquie est exprimée en Dollars et, sa balance du commerce extérieur étant négative, tout va concorder pour enfoncer la Turquie dans cette crise. La société Générale estime quand à elle que l’on va arriver à une détérioration de plus de 50% de la parité Livre/Dollar dans les prochaines semaines.
A ce niveau il faudra éviter la panique et une politique de contrôle des capitaux et des changes parait très probable, voir même inévitable. Seul point positif pour la Turquie, c’est que cette dévaluation réelle va rendre les exportateurs turques plus compétitifs, notamment sur les marchés africains.