La pandémie et la guerre en Ukraine ont eu d’importantes répercussions économiques sur l’activité des entreprises travaillant à l’international, contraignant parfois certaines d’entre elles à revoir leur méthode de travail et leur business model. Vu l’incertitude et l’instabilité qui planent encore sur la conjoncture actuelle, de nombreuses entreprises ont décidé de faire appel au portage salarial.
Le portage salarial est une relation de travail tripartite avec le salarié, la société de portage et l’entreprise cliente. La société de portage salarial joue le rôle d’intermédiaire entre le travailleur et l’entreprise cliente. Elle signe avec le « salarié porté » un contrat de travail et avec l’entreprise cliente un contrat commercial. Il est inscrit dans le code du travail depuis 2008 et s’est doté de sa propre convention collective depuis 2017. Depuis près de 10 ans, il connaît une croissance annuelle de +15%. En 2021, le secteur affichait un chiffre d’affaires estimé de 1,2 milliards. Certaines études affirment que ce chiffre pourrait tripler d’ici 2030.
Le portage salarial fait en effet partie des principaux dispositifs facilitant la mobilité des professionnels sur tous les secteurs d’activité. Il permet à l’entreprise d’établir un employé sur place sans pour autant avoir besoin de créer une structure locale. Le portage est une très bonne alternative pour s’implanter rapidement, sans se soucier de l’administratif et des règles en local . Cela donne par exemple la possibilité de tester un marché en amont avant une implantation sans prendre beaucoup de risques, mais aussi le moyen d’exécuter un projet sur une durée déterminée tout en disposant d’un permis de travail, d’un visa de résidence, d’un contrat de travail local respectant les obligations réglementaires du pays ciblé ou d’une couverture d’assurance maladie.
Pour les entreprises travaillant à l’international le portage salarial peut être un bon moyen d’externalisation de sa force commerciale (technique, SAV, etc…) en offrant une ressource locale, immédiatement opérationnelle et expérimentée, capable de développer l’activité de l’entreprise sans que cette dernière s’y implante juridiquement. Elle permet surtout de sécuriser toute action en amont d’une implantation commerciale ou industrielle ou d’un investissement majeur.
Par ailleurs les problèmes d’approvisionnement depuis les pays asiatiques ont incité les entreprises européennes à diversifier leurs sources d’approvisionnement. L’externalisation de la fonction « achat » est donc également devenue très populaire, permettant une présence locale capable d’intervenir sur le plan opérationnel pour sécuriser la gestion continue et pérenne des achats.
Cela peut aussi permettre de fidéliser ses partenaires sur place en assurant un relationnel de proximité : fournisseurs, distributeurs, etc…
Le portage salarial permet au final de conjuguer à la fois flexibilité et maîtrise des coûts pour l’entreprise cliente qui bénéficie de la présence physique humaine
directement sur le marché ciblé avec un salarié familier des us et coutumes locaux, tout en se déchargeant des contraintes d’investissement local via un bureau, une succursale ou une filiale avec la bureaucratie ou les coûts qui vont avec.
Coté travailleur, le portage salarial lui permet de rester indépendant et libre de choisir ses clients et ses missions tout en bénéficiant du statut protecteur de salarié qui délègue sa gestion courante. La société de portage salarial s’occupe de la facturation, de la fiscalité et de la comptabilité. Elle transforme mensuellement le chiffre d’affaires généré en salaire tout en lui proposant des services qui font de lui un acteur de son réseau dont il bénéficie en retour. Le portage salarial à l’international fonctionne de la même manière que le portage salarial classique. Ce statut est toutefois réservé aux indépendants missionnés dans un pays de l’Union européenne (UE), ou ayant des accords avec l’UE, pour un maximum de 24 mois. Au-delà de deux ans, sauf cas exceptionnel, et hors de cette zone et de ces partenariats économiques, le régime social sera celui de son pays d’accueil.
Si le portage salarial est un formidable outil de politique de l’emploi, tout n’est pas si rose pour autant. Le secteur du portage salarial a notamment récemment été confronté à la problématique de la transparence des frais imputés aux salariés portés. Des frais de gestion qui varient entre 4 et 10 % d’une entreprise à l’autre. Avant de s’engager auprès d’une société de portage salarial, il est donc préférable de se renseigner et de s’affilier auprès de la société qui offre le meilleur service. François Jenny, le président du PEPS (première organisation patronale représentative du portage salarial) lui propose un Label de portage salarial PEPS : un label qui valorise “les entreprises de portage salarial les plus sérieuses du marché pour permettre aux travailleurs indépendants d’exercer en toute sécurité”.
Mathieu Guillemin, secrétaire général de la FEPS (organisation patronale représentative de branche des salariés en portage salarial) parle lui d’un effort d’information. « Nous devons continuer de travailler sur l’accompagnement spécifique proposé par les entreprises de portage. Je crois qu’il faut que nous réfléchissions collectivement à faire davantage connaître le dispositif. Il y a un vrai effort de pédagogie à faire auprès des personnes susceptibles d’être intéressées par le portage salarial. »