Presque deux ans après l’émergence de la pandémie de Covid-19, de profondes mutations dans la sphère professionnelle font jour. C’est tout l’objet du rapport « People at Work 2021 : l’étude Workforce View », réalisé par le centre de recherches ADP Research Institute.
Ce dernier analyse le ressenti de la population active dans le monde, un an après le début de la pandémie. La crise sanitaire de Covid-19 a bouleversé les façons de travailler, modifier les conditions de travail et entraîné des conséquences significatives sur les attitudes et comportements des actifs dans le monde entier. L’étude observe la façon dont les travailleurs et employeurs ont fait face à la crise jusqu’à ce jour et comment les salariés envisagent l’avenir.
Que dit le rapport ?
L’étude a été réalisée dans 17 pays (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Suisse, États-Unis, Canada, Argentine, Brésil, Chili, Australie, Chine, Inde, Singapour) auprès de 32 000 actifs parmi lesquels, plus de 8 500 travailleurs de la « gig economy ».
Le rapport porte un focus sur cinq domaines de la vie professionnelle que sont : la confiance des travailleurs et sécurité de l’emploi, les conditions de travail, la paie et la performance, la mobilité des travailleurs et l’égalité femmes-hommes et la parentalité.
Plusieurs tendances générales se dessinent même si les attitudes et comportements sont affectés par la trajectoire locale de la pandémie dans différentes régions du monde ainsi que par les stratégies gouvernementales prises au niveau national.
Un optimisme plus fort pour les actifs de l’Asie-Pacifique que celui des Européens
De manière générale, la pandémie de Covid-19 a altéré l’optimisme des travailleurs. 86% des travailleurs se disent optimistes quant aux cinq prochaines années. Un chiffre en baisse de 7 points par rapport à l’année précédente (92%). Plusieurs raisons expliquent cette baisse : perte d’emploi, mise en activité partielle, baisse de salaire. Toutefois, deux variables font baisser l’optimisme. Les jeunes de la « Génération Z » (18-24 ans), semblent plus touchés, tout comme les actifs des pays d’Europe. Ces derniers projettent des attentes sur une issue positive bien moins élevées que celle des pays de la région Asie-Pacifique ou Amérique Latine (90% contre 71%).
Un ressenti qui semble paradoxal lorsque l’on observe les résultats de l’enquête. Les salariés de l’Asie-Pacifique disent avoir été touchés professionnellement à 70% contre 57% des travailleurs européens… Un optimisme/pessimisme culturel donc ? Parmi les deux-tiers de la population qui déclarent avoir été impactés professionnellement, plus d’un quart (28 %) ont perdu leur emploi, ont été mis en activité partielle ou ont temporairement été licenciés par leur employeur.
Des mutations profondes à ne pas négliger
Tâches supplémentaires, augmentation de la charge de travail, augmentation du nombre d’heures… 76% des répondants affirment avoir été amenés à faire les choses différemment. Cela s’est notamment observé dans les régions Asie-Pacifique et en Amérique latine.
Les conséquences directes de ces bouleversements sont plurielles : baisse du bien-être au travail, perte de motivation, augmentation de l’anxiété, du stress. Plusieurs études pointent l’augmentation de l’absentéisme et un désengagement des salariés, largement amplifié par la pandémie. Le Covid est le premier motif des arrêts de travail sur la période.
« L’impact sur le bien-être et la motivation des salariés pourrait également devoir faire l’objet d’une attention particulière. Nos résultats suggèrent que pour préserver la santé mentale et physique du personnel, il faudra trouver des manières de réduire le stress et l’anxiété, d’éviter le burn-out et de créer un sentiment d’équité » recommande le rapport.
La Génération Z : plus grande victime de la crise ?
L’étude révèle que la population la plus durement touchée professionnellement sont les 18-24 ans (dite « Génération Z »). Près de 4 jeunes sur 5 ont vu leur vie professionnelle affectée (perte d’emploi, activité partielle ou cessation temporaire). Cela reflète la réalité selon laquelle l’entrée sur le marché du travail en période de récession est difficile. Constitution d’un réseau et développement de contacts sont plus difficile en junior.