Fin avril, les députés européens ont voté plusieurs textes cruciaux afin de mieux lutter contre le changement climatique.
Selon le bilan annuel 2022, du service européen Copernicus sur le changement climatique publié il y a quelques jours, l’Europe aurait connu sa deuxième année la plus chaude jamais enregistrée. L’année dernière, la température affichait 0,9 °C de plus par rapport à la période de référence (1991-2020). Avec 1,4 °C de plus que la moyenne, l’Europe a aussi connu son été le plus chaud en 2022. Les températures augmentent par ailleurs deux fois plus vite sur le continent européen que la moyenne mondiale.
Ces records de chaleur permettent, certes, d’accroître la production d’énergie renouvelable et de réduire la dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes, mais malheureusement, le changement climatique est aussi rythmé par une hausse des phénomènes extrêmes et la multiplication des feux de forêts très dévastateurs. Pour la première fois, depuis que les relevés existent, il a fait plus de 40 °C au Royaume-Uni l’été dernier et la mer Méditerranée a connu des vagues de chaleur marine record, très néfaste pour la biodiversité.
Au vu de ce constat assez inquiétant, le Parlement européen a validé trois réformes majeures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre :
- Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) : celui-ci doit faire payer le prix des émissions polluantes aux produits importés depuis l’extérieur de l’UE. Ce mécanisme doit permettre d’éviter la pollution importée dans l’UE et limiter la concurrence inéquitable pour les industries présentes au sein du marché européen et déjà soumis à un système d’échange de quotas d’émission. La mise en place du MACF se fera progressivement de 2026 à 2034. Les importateurs de marchandises de pays tiers seront ainsi tenus d’acheter des certificats dont le prix sera comparable à celui du CO2 au sein du marché européen du carbone. Le fer et l’acier, l’aluminium, le ciment, l’engrais, l’électricité et l’hydrogène seront d’abord couverts par ce nouveau mécanisme. À partir d’octobre 2023, les importateurs devront commencer à déclarer la quantité d’émissions contenues dans les biens entrant sur le marché européen.
- En parallèle, les eurodéputés ont approuvé un second marché carbone (SEQE 2 ou ETS 2). Celui-ci couvrira le chauffage des bâtiments et les carburants routiers. Ces quotas seront gérés par les distributeurs de carburant, qui les répercuteront sur les prix à la pompe, dès 2027, ou au plus tard 2028, si les prix de l’énergie s’envolaient. La bonne nouvelle, c’est que la date d’entrée en vigueur initialement prévue pour 2024 a été repoussée. La mauvaise, c’est que cette nouvelle taxe se soldera par une augmentation importante de prix des combustibles fossiles. Lors des premières années, un prix plafond de 45 euros la tonne de carbone s’appliquera pour les nouveaux secteurs couverts par ce marché afin d’éviter de fragiliser les entreprises qui pourraient voir les prix du gaz ou du pétrole grimper.
- Également voté récemment pour répondre à ce risque d’une hausse des prix pour les Européens, le Parlement a validé la création d’un fonds social pour le climat. Celui-ci aura pour mission de financer l’isolation des logements, les énergies renouvelables ou encore les modes de transport plus écologiques. En partie alimentée par les recettes du second marché carbone, sa dotation pourra atteindre jusqu’à 86,7 milliards d’euros, en prenant en compte un financement supplémentaire provenant des budgets nationaux.
Toutes ces mesures permettront de répondre à l’objectif principal du Pacte vert et de la neutralité climatique à l’horizon 2050 que s’est fixé l’Union européenne. Eurodéputés et États membres s’étaient déjà mis d’accord fin décembre sur ces trois réformes, mais le vote scelle un peu plus le compromis. Les textes doivent désormais être officiellement approuvés par le Conseil. Ils seront ensuite publiés au Journal officiel de l’UE et entreront en vigueur 20 jours plus tard.