Il y a quelques semaines, le géant de l’agroalimentaire américain Cargill a annoncé le départ en mer d’un cargo à propulsion vélique. Le « Pyxis Ocean », fabriqué au chantier naval Cosco de Shangaï (Chine) par Mitsubishi, BAR Technologies et Yara Marine Technologies, est équipé de deux voiles de 37,5 mètres de haut, devant permettre de réduire jusqu’à 30% la consommation de carburant du navire. Des économies encore plus élevées sont prévues si les voiles sont utilisées avec des carburants alternatifs.
Long de presque 230 mètres, destiné au transport de céréales, le « Pyxis Ocean », effectuera la traversée entre Singapour et le Brésil par l’océan Pacifique. La performance de ses voiles gigantesques (WindWings) sera surveillée de près au cours des prochains mois afin d’améliorer encore leur conception, leur fonctionnement et leur performance. Le « Pyxis Ocean » pourrait ainsi être utilisé pour l’adoption de cette technologie non seulement par la flotte de Cargill, mais par l’industrie tout entière. Il faut dire que 80% du volume de marchandises échangées le sont par les mers. Il est donc légitime que l’industrie maritime, responsable d’environ 3% des émissions mondiales de CO2, cherche aujourd’hui à réduire son empreinte carbone de manière substantielle et souhaite s’engager résolument sur la voie de la décarbonation d’ici à 2050. Ce projet, cofinancé par l’Union européenne, pourrait donc servir de base pour l’ensemble de l’industrie et donc révolutionner le transport maritime.
Pendant six semaines, le Pyxis Ocean sera donc scruté par l’industrie et les défenseurs de l’environnement. « Chez Cargill, nous n’avons pas peur d’investir, de prendre ces risques et d’être transparents sur nos apprentissages pour aider nos partenaires dans la transition maritime vers un avenir plus durable ». Selon les données « constructeur », sur une route maritime standard, chaque WindWing peut permettre d’économiser 1,5 tonne de carburant par jour, et davantage sur les routes transocéaniques. Cette technologie se traduit par des économies de fioul lourd (HFO) pour les propriétaires de navires à environ 800 $ la tonne. « Le vent est un carburant quasiment sans coût marginal et l’opportunité de réduire les émissions, parallèlement à des gains d’efficience en termes de coûts d’exploitation des navires, est considérable. « Les Windwings, composées de trois panneaux articulés, pivotent selon la direction du vent. Lorsqu’elles ne servent plus, elles peuvent être couchées sur le navire. BAR Technologies et Yara Marine Technologies prévoient déjà d’en construire des centaines au cours des quatre prochaines années.
De son côté la start-up Neoline promet de mettre à l’eau d’ici à 2025 un navire fonctionnant à l’énergie vélique dédié au transport de marchandises. La mise à l’eau et les essais en mer sont prévus en Turquie en avril 2025. Le navire pilote sera livré à Saint-Nazaire fin juin 2025.