Hervé Druart est le co-président des opérateurs privés en matière de commerce international (OSCI). La fédération regroupe 160 membres qui couvrent presque tous les pays de la planète et qui emploient plus de 3 000 personnes dans le monde pour appuyer les entreprises françaises à l’international.
Son avis sur le sujet de l’exportation est d’autant plus pertinent qu’il le pratique au quotidien.
« La politique qui vise à augmenter le nombre d’exportateurs est un leurre » explique Hervé Druart « on en voit bien la limite, pour les dernières années. Il y a 5 ans on était descendu à moins de 100 000. Aujourd’hui on est repassé à plutôt 125 000, mais les performances à l’export de la France n’augmentent pas pour autant. Car ce nouveau bataillon de 20 000, c’est pour eux une première expérience, que pour la plupart ne transforment pas dans le temps. »
« Ce n’est pas, pour l’export de produits, en multipliant les exportateurs que l’on va améliorer la balance commerciale. Il vaut mieux s’intéresser aux exportateurs actuels, au 20 000 qui font les 80% de l’export français pour les faire accélérer ! »
Répliquer des réussites des entreprises !
Le problème évoqué par Hervé Druart est la non-réplication d’un développement à l’export.
« Beaucoup d’entreprises ne répliquent pas dans d’autres pays ce qu’elles ont réussi dans un pays. On aurait un gain énorme à faire progresser des exportateurs sur d’autres marchés que de s’épuiser à en créer des nouveaux en grand nombre. »
« Pour les OSCI, c’est ce que nous savons faire le mieux. Le dispositif public peut documenter, informer et les prestataires privés peuvent servir d’appui commercial pour développer et accélérer dans des pays. » reprend Hervé Druart « A titre professionnel, chez Salvéo, je recommande à nos clients de nous confier les pays qui ne sont pas leur priorité n°1. Ils restent concentrés sur leurs objectifs et nous arriverons avec nos implantations pour faire grandir d’autres marchés. »
« Sur ces entreprises, le haut du panier ou le haut de la pyramide, il y a des marges de progression énormes à faire »
Le chèque relance export : du saupoudrage
« La première des choses à remarquer c’est la faiblesse de l’enveloppe par rapport au plan de relance en lui-même 250 millions d’euros sur les 100 milliards … cela montre à quel point l’exportation est une priorité. »
« On avait proposé de notre côté, non pas 4 petits chèques, mais un seul chèque d’une plus grande ampleur de 8000 euros, en laissant le choix à l’entreprise de son utilisation. Soit de se concentrer sur une seule action plus importante soit de faire des missions découvertes. Seul le chef d’entreprise sait ce qu’il lui faut. Le gouvernement a choisi, encore une fois, d’arroser le plus grand nombre et de faire du saupoudrage… C’est un choix, je le respecte, je ne dis pas que c’est inutile, mais cela ne va pas dans le bon sens et cela crée un effet d’aubaine plutôt qu’une action plus structurée. Il ne faut pas s’étonner que derrière, les résultats ne soient pas plus probants … »
Se donner un objectif commun
Pour Hervé Druart, il est de la responsabilité du pôle public de mettre davantage en avant les différentes solutions qui existent, et non pas de faire sa propre promotion.
« Le business est fait par des entreprises, le pôle privé ce sont des entreprises qui parlent à d’autres chefs d’entreprises et cela crée de la valeur ajoutée. La puissance publique a de plus en plus tendance à se renfermer sur elle-même dans une logique de facturation et de non de service aux entreprises. Décloisonnons dans l’intérêt général … donnons au chef d’entreprise le choix et surtout l’envie d’aller plus loin. L’accompagnement aujourd’hui d’une entreprise à l’international est une priorité nationale, ce n’est une pas une mission des outils financés par le public, c’est une obligation de moyens que l’on doit collectivement se donner. »
Après s’être beaucoup tourné vers sa propre refonte, le service public de l’exportation doit, pour Hervé Druart, retrouver ses missions premières et jouer collectif au côté d’un pôle privé plus morcelé et hétérogène, mais plus puissant que lui dans sa capacité à développer les entreprises à l’international.