S’internationaliser est une opportunité et une chance pour les entreprises, même pour les plus petites d’entre elles. En exportant, les entreprises diversifient leurs marchés, rentabilisent leurs investissements, accélèrent l’innovation et améliorent ainsi leur niveau de technicité. à l’importation, elles ont accès aux meilleures technologies et peuvent diversifier leurs sources d’approvisionnement. Importer et exporter sont les deux faces d’un process global. On importe de bons produits pour en fabriquer d’autres, et les exporter. Il s’agit d’un enjeu de croissance et d’emplois. N’oublions pas que nos exportations hors UE soutiennent quand même plus de 3,4 millions d’emplois en France.
Entreprendre aujourd’hui, c’est savoir évoluer dans un environnement mondialisé. Même une PME qui n’a pas d’action internationale directe y participe par le jeu des chaînes de valeur ou du développement d’Internet. Comme à l’accoutumée, les programmes des candidats à l’élection présidentielle font peu de cas du développement international des entreprises. Pourtant, il serait utile de s’interroger sur la situation des PME à l’international, et surtout sur leur absence de « durabilité internationale ». Certes, l’augmentation du nombre de PME exportatrices est plutôt une bonne nouvelle. On ne peut que se réjouir d’en avoir désormais environ 130 000. Néanmoins, cette culture du quantitatif dissimule une faiblesse majeure : les petites et moyennes pratiquent dans une grande mesure des actions « one shot » qui révèlent une absence totale de stratégie export sur le moyen-long terme.
Après de multiples réformes, le dispositif public d’appui à l’exportation a abouti à la mise en place d’un guichet unique de l’export, la Team France Export (TFE), associant le réseau des CCI, Business France et Bpifrance. Cette tentative de simplification et de meilleure coordination des réseaux a répondu à une demande formulée de longue date par la CPME pour davantage de simplicité et de lisibilité.
Côté PME, des critiques se font encore entendre ici et là : un coût des prestations trop élevé, des informations trop générales et insuffisamment qualifiées, insuffisamment stratégiques, des conseillers qui ne connaissent pas le monde de l’entreprise.
Exporter c’est prendre des risques. Les PME savent faire. C’est leur ADN. Elles ont des attentes pragmatiques qui portent sur l’identification des opportunités, la sélection des marchés, la qualité et le sérieux des partenaires potentiels, la sécurité des paiements. Leur première exigence est d’être mises en confiance et bien accompagnées, d’où les propositions suivantes formulées par la CPME :
- Engager un plan ambitieux de relance export : la crise sanitaire a conduit l’Etat français à repenser ses dispositifs export et à innover (e-vitrines par exemple) dans un contexte où tout déplacement était impossible, cette dynamique doit être amplifiée,
- Instaurer une phase de pré-diagnostic systématique et gratuite pour les PME: mettre en place des actions conjointes avec les organisations interprofessionnelles et professionnelles pour enclencher un repérage systématique des PME à potentiel export,
- Créer des parcours de l’export adaptés au niveau de maturité des PME à l’export incluant un accompagnement personnalisé sur 3 ans pour amener les PME présélectionnées au succès,
- Améliorer les relations grands groupes-PME et ETI-PME: les grandes entreprises ne sont pas toutes prêtes culturellement à «porter» les PME sur les marchés extérieurs. Il serait pourtant utile de développer un véritable « patriotisme économique » tel qu’il peut exister aux Etats-Unis ou en Allemagne et de favoriser l’utilisation de produits « made in France» ou le recours à des sous-traitants français afin de construire des écosystèmes résilients regroupant TPE, PME, ETI et grands comptes. Des critères objectifs pourraient permettre de mesurer le niveau de patriotisme économique et de valoriser les entreprises les plus méritantes,
- Anticiper ce que les entreprises exporteront demain : quelles sont les innovations qui émergent ? Quels nouveaux besoins apparaissent sur les marchés ? Pour se différencier de ses concurrents, il faut pouvoir anticiper et préparer ses produits et services. Une veille pertinente sur les marchés est indispensable.
Mais cela ne saurait suffire si l’on ne s’interroge pas non plus sur les raisons du déficit de compétitivité des entreprises françaises par rapport à leurs concurrents. Ce n’est pas un hasard si la balance commerciale française est déficitaire de près de 80 Mds € alors que celle des Allemands est bénéficiaire de plus de 200 Mds €.
La question du coût du travail et du poids de la fiscalité, notamment des impôts de production, doit être clairement posée.
à tout le moins, la France doit rejoindre la moyenne européenne. Quelle meilleure période qu’une élection présidentielle pour
ouvrir un tel débat ?